J' ai personnellement rencontré en privé Johnny HALLYDAY au GOLF DROUOT, en présence de son secrétaire Hugues BOREL
Certains auteurs de biographies sur Johnny HALLYDAY ont présenté Hugues BOREL , tantôt comme barman du GOLF DROUOT , tantôt préposé au vestiaire .
Henri LEPROUX dans son ouvrage GOLF DROUOT le Temple du Rock paru en 1982 aux éditions robert laffont a semble-t-il oublié dans ses pages celui qui fut un temps non négligeable son employé et ensuite le premier secrétaire de Johnny HALLYDAY .
Le hasard a voulu que je grimpe une unique fois le raide et mythique escalier conduisant au Golf Drouot , il y a maintenant 50 et quelques années . . .
Ayant le même âge que l' idole des jeunes en devenir , ( nous avons donc tous les deux actuellement 72 ans ) dont je détenais les premiers disques VOGUE , j' avais obtenu d'un camarade , dont les parents étaient commerçants en Normandie , de l' accompagner un après-midi ( en dehors des heures d'ouverture ) dans ce lieu souvent inaccessible aux moins pourvus . Ce qui ne m' empêchait pas de rêver : voir un jour mes disques dédicacés par Johnny HALLYDAY .
Je me suis ainsi retrouvé dans une petite salle genre bureau ou peut-être vestiaire , située de mémoire , à droite en haut de l' escalier, meublée de géantes armoires type vestiaire d' entreprise , et d'un bureau où se tenait assis au moment de mon arrivée Hugues BOREL .
Apprenant l'objet de ma visite , Hugues BOREL, le sécrétaire de Johnny HALLYDAY , qui m' a paru d' emblée avenant et sympathique , s'est montré particulièrement disposé à mon encontre . C' est en me retournant après nos amicales salutations que j' ai aperçu Johnny HALLYDAY , en conversation , a proximité de la fenêtre donnant sur la rue Drouot .
Jacques sans lequel je n' aurais pas eu accès au Temple du Rock , m' a semble-t-il , présenté à Johnny HALLYDAY , agréablement surpris par ma démarche .
Je dois reconnaître que j' étais fortement impressionné par l' aisance de Johnny HALLYDAY que je ne connaissais que par ses disques et , être parvenu si rapidement auprès d'un chanteur de Rock and Roll que j' appréciais n' était pas de nature à me décoincer . D' autant , que je rencontrais , moi , petit provincial Breton arrivé depuis peu à PARIS avec son TEPPAZ dans la valise , un " Artiste " de la chanson pour la toute première fois .
J'ai tendu mes disques à Johnny HALLYDAY en lui demandant de me les dédicacer " à Bertrand " , " et en précisant : " s'il vous plait , au verso de la pochette " , peut-être aurais-je même ajouté " Monsieur " . Je souhaitais que ses photos au recto restent intactes , car Johnny utilisait , je l' avais remarqué , un stylo genre feutre .
Imaginons un instant ma joie en reprenant les précieuses galettes aux pochettes ornées au verso , en lettres très larges de sa dédicace à mon prénom .
Et après ? Johnny qui était seul devant moi , souriant , totalement accessible et entièrement disponible , a attendu , vainement , que je lui adresse les quelques mots rituels en pareille circonstance , du fan, confronté à son idole .
Me croirez-vous ? comme le chante si bien Georges BRASSENS : " j' avais l' air d' un C . . ma mère " . Et bien , rien ! je suis resté sans voix , incapable de profiter de l' occasion qui m' était offerte . Aucun mot ne sortait de ma bouche . Peut-être ai-je bafouillé quelque chose ? Toujours est-il que Johnny s'est vite vu de nouveau entouré par les autres personnes présentes et les conversations ont repris , sans ma participation active , mais que je suivais néanmoins .
Qui était présent cet après midi au Golf Drouot en dehors des heures d' ouverture du club ? Johnny HALLYDAY , Hugues BOREL , Jacques , et moi-même ,
Henri LEPROUX était-il là ? Certainement , sinon je n' aurais pas eu accès à son établissement sans son aval . Mais , comme je ne le connaissais pas , je ne peux rien affirmer . Enfin , il y avait 2 ou 3 autres personnes, des jeunes gens que je ne connaissais pas mais qui pouvaient être des amis de Johnny , tels : Long Chris non encore chanteur . . .
C' était la toute première fois que je me rendais au GOLF DROUOT , dont je n' aurais vu , outre l' escalier abrupte , que ce bureau , où se trouvait déjà à mon arrivée Johnny HALLYDAY .
Je n' ai pas été invité à visiter les lieux , pas plus qu'il ne m' a été offert une quelconque consommation . L' établissement paraisssait fermé et seule cette pièce semblait occupée .
L' ambiance y était on ne peut plus décontractée , chaleureuse et amicale . Johnny ne se comportait pas en vedette avec les personnes présentes, mais en véritable copain , et réciproquement , je l' affirme .
Ce qui m' a énormément surpris , et je les revois encore , ce sont ces immenses sacs postaux P.T.T. en toile de jute , remplis de courrier qui étaient simplement entreposés au dessus des hautes armoires vestiaires , paraissant oubliés . Combien y avait-il de sacs ? : 2 c' est certain , 3 peut-être ?
Qu' est-il advenu de ces centaines voire milliers de lettres non ouvertes , non lues , adressées par les fans à Johnny HALLYDAY , à son Club GOLF DROUOT ?
Le temps passant , à un moment , Johnny a déclaré à son entourage proche qu'il devait s' en aller . Johnny HALLYDAY partant , pas question de rester au GOLF . C' est ainsi que nous nous sommes retrouvés à plusieurs à nous rendre à pied en direction de la porte Saint-Denis en empruntant les Grands Boulevards .
Nous avons ainsi parcouru tout le chemin en formant une rangée , sans qu' aucun passant ne se retourne sur notre passage .
Incroyable ? Non ! Il faut faire un bond de plus de 50 ans en arrière . Johnny en était à ses débuts , et les adultes croisés en cette fin d' après midi , autour de 17 heures , n'ont pas remarqué la présence du chanteur , le grand jeune homme blond qui nous dominait tous par la taille .
Je me souviens encore , comme si c' était hier , que Johnny HALLYDAY , qui marchait côté immeuble , ( moi , côté circulation ) portait une veste marron en daim à franges , de type western, un peu comme celle de James DEAN , ou même , SHANE , dans le film l' Homme des Vallées Perdues . Cette veste m' impressionnait car elle était très belle et j' aurais bien aimer posséder la même . J' ai eu largement le temps pour l' admirer entre le Golf Drouot et la station de métro Bonne Nouvelle .
Veste qui allait comme un gant à ce " grand jeune homme blond " , tout comme le blue jeans serré , certainement un authentique Levis 501 qu'il portait également .
Le groupe de marcheurs était donc constitué de Johnny HALLYDAY , de Jacques , de moi même , de Hugues BOREL vraisemblablement , et de un ou deux autres jeunes .
5 à 6 jeunes gens allant de front sur les Grands Boulevards en formant un semblant de barrage , il y avait de quoi inquiéter les passants qui lisaient les journaux , avec toutes ces quotidiennes histoires de Blousons Noirs ( dont aucun de nous n' était toutefois revêtu )
Le trajet a été très animé par nos rires et nos bavardages de grands adolescents . Je me souviens parfaitement ( ma langue s' étant enfin déliée ) , qu 'il a été un moment question d' Elvis PRESLEY et de la manière dont nous aurions pu obtenir son autographe . Vérédique ! Et Johnny était de la partie .
Arrivée sans incident au métro " BONNE NOUVELLE " , presque devant le magasin d' habillement CADDY qui n' existait peut-être pas encore sous sa forme légendaire bien connue des groupes de rock et de twist et même par la suite de Johnny HALLYDAY qui s'y est fait tailler des costumes .
Nous nous sommes donc dispersés au métro , chacun partant dans sa direction . De mon côté j' ai accompagné Jacques jusqu' à son école privée ( ETCHEGOIN ) située à proximité , exactement 12, boulevard Saint Martin PARIS 10ème . Établissement qu 'il m' a d'ailleurs fait visiter . Un étage consacré aux filles et un autre , sous les toits, destiné aux garçons .
Je ne suis jamais retourné au GOLF DROUOT . J' ai revu Johnny HALLYDAY quelques mois plus tard , mais depuis mon siège , lors de son premier spectacle à l' OLYMPIA en septembre 1961 , quelques jours avant mon service militaire effectué dans les Sapeurs Pompiers de PARIS . Ce soir de l' OLYMPIA , je l' ai attendu en vain , en compagnie de nombreux fans , à la sortie des artistes , rue Caumartin .
Je n' ai jamais revu non plus Hugues BOREL dont je n' ai jamais entendu parler par la suite . ( avant internet il fallait comprendre )
Mes disques dédicacés par Johnny HALLYDAY dont les pochettes ont été dans un premier temps punaisées sur le mur de mon humble chambrette proche de la Bastille , n' ont hélas , pas survécu à mes trois années de service militaire comprenant mariage et naissance de mon fils .
J' ai perdu de vue Jacques auquel je dois cet inoubliable rencontre survenue un après-midi de 1960/1961 , une ou deux années avant nos 20 ans .
j' ai tenté de contacter Jacques , il y a environ une vingtaine d' années , ( il vit à moins de 30 kms d' ici , dans les Hauts de Seine ) après avoir rencontré sa maman , bien après la vente de l' hôtel familial " Le Mascaret " . Hélas , alors que j' abordais au téléphone notre visite à Johnny au Golf Drouot , mon interlocuteur m' a paru très contrarié par le sujet , sans me fournir d' explication . Je suis sincèrement désolé Jacques , mais j' ignorais totalement ce qui pouvait t' irriter dans mon évocation . Maintenant je sais .
Bertrand Hervy . Juillet 2015